26 octobre 2021

dagbok

S Ö N D A G   1 7   O K T O B E R

Taxi à 7h30, train de 7h56. J’arrive à l’aéroport une demi-heure avant l’ouverture de l’enregistrement des bagages du vol pour Stockholm mais la file est si longue que je passe le contrôle plus d’une heure plus tard. Je me dirige immédiatement vers la porte d’embarquement. 

Les 2h40 de vol se passent bien. Atterrissage à l’heure. A quoi reconnait-on un Suédois à l’aéroport de Stockholm ? Il arrache son masque dès qu’il quitte la zone de débarquement. Je fais de même. J’attends ma valise qui sort dans les premières. Je me dirige vers le quai de l’Arlanda Express. Prochain train dans 14 minutes. Le wagon est désert. En 18 minutes je suis à T-Centralen.

Je sors de la gare et marche sous le soleil. Le ciel est bleu azur, c’est magique. Le café en plein air de Kungsträdgården vient de fermer. Je continue jusqu’au port d’été, avant Skeppsbron. Je m’achète une bouteille d’eau, je me désaltère au soleil face au Palais Royal puis je reprends ma route. 

L’île de Skeppsholmen est recouverte de feuilles mortes, les couleurs sont sublimes dans le soleil qui descend. Les sculptures de Jean Tinguely et Niki de St-Phalle devant le Moderna Museet sont plus belles que jamais. Je tente quelques photos avec mon téléphone mais la réalité est inégalable. 

J’arrive à l’hôtel, check-in. Je laisse ma valise à la réception pour profiter des derniers rayons. Je marche au bord de l’eau jusqu’à Kastellholmen, on entend les cris des visiteurs du parc d’attractions de Gröna Lund, en face. Je me sens BIEN, à ma place. Lorsque le soleil disparaît derrière l’île de Södermalm, je rentre et je découvre ma chambre, vue sur mer, sous les toits, un petit bijou (j'ai été surclassée, de l'avantage de voyager hors-saison).

Je redescends un peu plus tard pour souper au restaurant de l’hôtel : boulettes de pommes de terre (forcément, c’est le « légume » national) au fromage suédois, avec des champignons grillés et des baies suédoises. Je commande une coupe de champagne pour fêter mon retour. Après le repas, je reste longuement à ma table tant l’ambiance est agréable, paisible. Je lis, je m’imprègne de ce décor si beau, le bon goût simple et sobre à la scandinave. 

Je finis par rejoindre ma chambre et me couche vers 21h, je garde mon rythme.

M Å N D A G   1 8   O K T O B E R

J’ouvre les yeux à 3h57. Normal. Je me rendors jusqu’au lever du soleil. J’ai dormi volets ouverts, je déguste les couleurs de l’aube depuis mon lit. Douche, cheveux. Un coup de ciseaux dans ma frange que je n’ai pas eu le temps de tailler dimanche.

Petit déjeuner. Pas de buffet mais une carte où l’on coche ce que l’on veut. Oeufs brouillés, salade de fruits, crème de myrtilles, kanelbullar, jus de pamplemousse, café au lait.

Je remonte boucler ma valise, check-out, et je pars à pieds jusqu’à Hamngatan. Objectif : m’acheter des lunettes de lecture. Avec mes lentilles, la lecture est compliquée et la migraine guette. J’en trouve de jolies (tant qu’à faire) dans une pharmacie. Je retourne à Kungsträdgården, je m’installe sur une terrasse au soleil.

J’hésite : bus 2 jusqu’à Slussen ou à pieds ? Le soleil est trop tentant, je marche le long du Palais Royal puis des quais. Je prends le premier bus pour Stavsnäs. Je descends 1h plus tard à l’arrêt Stavsnäs vinterhamn. Je m’installe au soleil, tout est si calme. Je finis par embarquer sur le Madam. Je dépose ma valise et je prends une place à l’extérieur à l’arrière. Je m’équipe, je ferme ma doudoune, je monte la capuche, j’enroule mon écharpe, j’ajoute deux accessoires indispensables, les lunettes de soleil et le casque. A 14h45 précises le bateau se met en branle, je lance la playlist "Skärgård" que je n’écoute (presque) que sur les bateaux qui m’emmènent dans l’archipel. BONHEUR. 

Une heure plus tard, le port de Sandhamn se profile. Je tire ma valise jusqu’à l’hôtel, comme en juillet, sauf qu’il n’y a (presque) personne. Check-in rapide, je découvre ma chambre. J’ouvre ma valise pour récupérer le cardigan. Je glisse un livre, carte d’identité, carte bancaire, clé et téléphone dans les poches de ma doudoune et je file marcher dans les derniers rayons de soleil. Le port, les ruelles, la supérette ouverte quelques heures chaque jour pour la petite centaine d’habitants à l’année, la boulangerie fermée jusqu’à l’été prochain, finalement Kvarnberget où je m’assieds pour voir le soleil descendre, descendre, descendre. J’avais oublié comme l’aube et le crépuscule durent longtemps au Nord. 

J’entre dans le restaurant Värdshus, le seul ouvert 365 jours par an. Il n’y a personne à part le serveur. Je m’assieds à côté de la fenêtre, je vois les lumières de mon hôtel au loin. Je commande un cidre de poire et une soupe de poissons. Elle est DIVINE !! Des habitués entrent peu à peu. Un vieux monsieur commande le menu du jour, un couple commande une bière, ils sont rejoints par un copain. Tout le monde se connaît, se salue en suédois, échange quelques mots. Deux jeunes filles s’installent au bar et commandent un chocolat chaud. L’ambiance est unique, authentique. Mon bonheur atteint son paroxysme lorsque la radio diffuse "Chiquitita". Je regarde les lumières sur le port, dans la nuit désormais, en sirotant les dernières gorgées de cidre. Je pourrais pleurer tellement je me sens BIEN. 

Je finis par quitter ce cocon de chaleur. Deux hommes me dépassent lorsque je longe le port, nous sommes les seuls êtres vivants à la ronde. Le restaurant de l’hôtel est illuminé à l’étage, je vois des ombres qui s’agitent. La réception en revanche est déserte. Je rejoins ma chambre, je prends le temps de me pomponner, en écoutant la radio. 

Je parviens à rester éveillée jusqu’à près de 22h, c’est une victoire. 

T I S D A G   1 9   O K T O B E R

La nuit ne fut pas formi-formidable, la faute au radiateur de la salle de bain, bloqué (cassé) sur la position maximale (même porte fermée et radiateur de la chambre éteint, j’ai trop chaud), au lit de 90 cm et à la presque pleine lune. Je passe à la réception avant le petit déjeuner, j’explique la situation et je demande une Deluxrum plutôt qu’une Twinrum

Je petit déjeune dans une salle déserte, assise face au port sous un soleil timide. Nous sommes autant de clientes (deux) que de personnel, mais ça ne durera pas.

Je retourne à la réception, le changement de chambre est possible. Je m’installe, je m’équipe pour ma balade et je quitte l’hôtel rapidement : on annonce de la pluie en fin de matinée. 

Je décide de rejoindre Trouville Strand en longeant le bord plutôt qu’en traversant la pinède. Je descends vers une première plage juste après le club de voile. Plusieurs pontons s’avancent dans la mer, un banc est installé sur l’un d’eux. Je m’y assieds et je lis une petite heure au soleil (timide mais bien là) dans ce décor de rêve. Ma seule compagnie sera un grand-père et ses deux petits-enfants que j’entends arriver au loin, qui passent derrière moi sur la plage et dont les voix s’estompent ensuite peu à peu. A un moment, je sens une présence. C’est un canard qui passe sans bruit. 

Je reprends ma route. Je délaisse cette première plage de sable, celle qui borde la maison de Nora Linde et la villa Brand. Longer la rive n’est pas une promenade aisée. Il y a les plages de sable où l’on s’enfonce, il y a aussi  les plages de cailloux où il est si facile de se tordre la cheville et les zones de rochers à escalader ou contourner, selon leurs reliefs. Je suis seule au monde. Les quelques maisons du front de mer ne sont pas habitées à cette saison, surtout la semaine (la centaine d’habitants à l’année vit essentiellement dans le village). Dans ces situations, deux phrases finissent toujours par me venir à l’esprit :
– Si je me casse la figure ou si je fais un malaise, je suis dans la merde. 
– Si je croise un violeur, un psychopathe ou un tueur en série, ce sera compliqué. 

Je finis par arriver sur Trouville Strand, sans psychopathe ni entorse. J’y trouve les premiers humains, un groupe de cinq personnes, sacs à dos, des randonneurs certainement arrivés par le bateau du matin. Je m’assieds un moment sur les rochers. Le soleil est définitivement caché, il fait plus frais mais il ne pleut pas. Je décide de rentrer au village par la pinède. C’est plus rapide, forcément (c’est tout droit !). Je pensais passer à la supérette avant qu’elle ne ferme à 13h mais il est trop tard. Tant pis, je n’ai pas (encore) faim. Je décide de m’allonger un moment sur mon lit et je m’endors comme une masse. 

Je me réveille la tête en vrac. Je sors marcher dans le village en guettant les lumières aux maisons, aux fenêtres.

Lorsqu’il fait tout à fait nuit je me dirige vers le restaurant. Quatre tables sont occupées, deux à trois personnes par table. La serveuse est une des clientes d’hier soir. Je commande du bœuf. La carte est toute petite, uniquement en suédois à cette saison, je ne comprends pas tout. 

Quatre hommes dans des combinaisons immenses oranges s’installent à la table voisine. J’essaie d’identifier qui ils sont. Pêcheurs ? Marins ? Pompiers ?  Si je comprenais le suédois, leurs conversations me mettraient sur la voie. J’ai beaucoup progressé à l’écrit mais c’est l’oral qui m’intéresse, compréhension et expression. 

Je retourne à mon hôtel en longeant le port désert. J’aime tellement cette ambiance hors-saison. Je repense aux soirées en juillet, la musique et les voix sur les bateaux, l’incessant défilé de familles ou de jeunes apprêtés pour la soirée, les terrasses remplies, la tiédeur, la nuit qui tarde à venir, qui ne vient jamais totalement. J’aime définitivement les deux saisons, je ne pourrais renoncer à aucune. Il me reste à découvrir l’hiver, février, et puis les fêtes de fin d’année. 

O N S D A G   2 0   O K T O B E R 

La nuit fut meilleure. La salle du restaurant est calme. Je petit déjeune en regardant la pluie tomber sur la mer. Je finis par m’éclipser lorsqu’une famille (russe) bruyante arrive. 

Je passe à ma chambre : dents, doudoune, écharpe, roman dans une poche, téléphone dans l’autre, casque sur les oreilles. Je sors affronter les éléments, le sourire jusqu’aux oreilles. Zut, il ne pleut plus !

Je traverse le village jusqu’à la plage la plus courue en été, celle où j’avais été abordée un matin tôt par un charmant véliplanchiste en juillet. Zéro véliplanchiste ce matin. Zéro humain tout court. Je m’arrête un peu plus loin au cimetière que j’ai toujours observé par dessus les balustrades. Cette fois je pousse le portail rouillé. Quelques tombes sont entretenues, fleuries, mais la plupart sont abandonnées, les inscriptions ne sont même plus lisibles. Je parviens à déchiffrer les dates de naissance et de mort de l’une d’elle : 1793-1873. DINGUE. Ça rend humble, nous ne sommes rien, nous ne faisons que passer. Il y a eu tant avant nous, il y aura tant après. 

Je continue ma route en direction du cap nord-ouest, "ma" plage en juillet. Le banc est humide, je tire bien ma doudoune sous mes fesses et je m’assieds. Quel calme, quelle paix. Je lis tranquillement jusqu’à ce que j’entende des voix. Je me retourne, deux hommes et un landau. 
– Hej hej ! 
– Hej. 
Ils repartent. Je lis encore un peu et je me lève, je traverse à nouveau la pinède jusqu’au port, par un autre chemin. Les sous-bois présentent une palette de verts totalement folle, presqu’infinie. Et au milieu, le chemin orange, recouvert d’un tapis souple d’aiguilles de pin qui craquent sous mes pas. 

Une nouvelle fois, j’arrive au village après la fermeture de la supérette. Je retrouve ma chambre, je m’installe au bord de la fenêtre, dans le fauteuil, les pieds sur le lit. Je bouquine en écoutant la pluie tomber tout l’après-midi.

Il fait nuit, je me mets des coups de pieds aux fesses pour ressortir. Je me dirige vers l’auberge. Il y a foule ce soir ! Je commande la soupe de poisson de lundi et je me régale toujours autant. J’essaie de capturer l’ambiance, je prends quelques photos, discrètement. Rien à faire. À quoi bon ? Je m’imprègne de ce que je vois, de ce que j’entends, de ce que je sens. J’enregistre pour les mois à venir. 

Peu avant la fermeture (à 20h), je vais payer au bar et je m’en vais. Il fait incroyablement tiède ce soir. Je n’ai pas envie de rentrer, malgré la nuit et la bruine. Je m’assieds sur un banc face aux rares bateaux amarrés au port. Derrière moi, j’entends la musique du restaurant de l’hôtel, devant moi le clapotis de l’eau. Je pourrais rester là des heures si je n’avais pas les fesses mouillées. Je finis par rentrer. C’était le dernier soir, ce sera la dernière nuit. 

T O R S D A G   2 1   O K T O B E R

Lorsque je tire le rideau, je découvre un ciel uniformément bleu et la lumière si spéciale des petits matins nordiques. Je cours sous la douche. Petit déjeuner face au port, les couleurs sont sublimes. Je retourne à ma chambre, je boucle ma valise rapidement et je descends pour le check-out.

Je laisse ma valise et mon sac dans une petite salle sans surveillance (l’inégalable confiance réciproque scandinave) et je me retrouve sous le soleil, devant un spectacle éblouissant. J’hésite : je retourne à Trouville ? Ou sur la plage à côté du KSSS ? Je choisis de rester à Sandhamn, tout simplement. Je prends quelques photographies d’un vieux bateau de pêche à quai, repéré hier déjà dans la grisaille. Je m’assieds au soleil, à la terrasse d’Ankaret, un café fermé pour la saison. 

Je m’enfonce une nouvelle fois dans le labyrinthe des ruelles du village et je guette les fenêtres, les portes, les jardins, les balustrades, les bancs, TOUT ce qui me donne envie de cadrer-régler-déclencher. Je tombe sur une petite fenêtre sur le bord de laquelle est alignée une collection de chevaux de Dalécarlie, deux tout petits, des plus grands, un noir, les autres traditionnellement rouges. Je la reconnais immédiatement. Il y a trois ans, j’étais à Sandhamn avec Inès et c'était elle qui l'avait trouvée.

Le ciel commence à se couvrir, je me dirige vers Kvarnberget, prends encore quelques photos puis descends vers les pontons, plus particulièrement vers celui, repéré le premier soir, équipé d’un banc en bois. Ce sera le spot de lecture du jour. 

Après une heure, je me dirige vers l’hôtel, avec quelques détours et quelques pauses. Je récupère ma valise et mon sac, je m’assieds dans un des canapés de la réception. Je bouquine en gardant un œil sur l’heure. Un peu avant 13h, je m’en vais. Le bateau pour le port d’hiver est à 13h30, j’ai le temps d’observer la vie autour de moi, les passagers qui arrivent peu à peu, les habitants qui attendent une livraison avec un diable. 

Le Värmdö approche. Je pose ma valise dans le local des bagages, monte à l’étage, sors sur le pont et trouve la place parfaite, à l’abri du vent et de la bruine (qui se transformera d’ailleurs très vite en pluie). Casque sur les oreilles, playlist "Skärgård", une heure de bonheur à l’état pur m’attend. Sandhamn s’éloigne dans la brume, je ne suis même pas triste, je sais que je reviendrai, encore et encore. Et je sais que Stockholm m’attend.

Stavsnäs, 10 minutes d’attente avant l’arrivée du bus. Et encore 1h de route, sous une pluie de plus en plus drue. Le ciel est bas, sombre, il fait presque nuit alors qu’il n’est que 15h. Arrivée à Slussen, je mets ma capuche (quelle bénédiction) et je marche le long des quais jusque chez Bröd & Salt. Il reste une table de libre, alléluia. Je commande un kanelbulle et un chaï latte au bar et je m’assieds face au quai. Petite vérification : c’est bien ça, la boulangerie est à 10 m. de l’embarcadère du bateau qui relie Slussen à Djurgården puis Skeppsholmen, l’île où se trouve mon hôtel. Je lis un peu dans les effluves de pain et de pâtisserie. D’abord bondée, la salle se vide peu à peu. 

J’enfile ma doudoune encore ruisselante, capuche, et je franchis les 10 m. qui me séparent de l’embarcadère. Un bateau arrive, débarque, embarque et nous repartons en direction de Djurgården. Nous longeons Gröna Lund que j’observais depuis Kastellholmen dans le soleil couchant dimanche soir. Les manèges sont arrêtés, tout est éteint. Je descends à Skeppsholmen et rejoins rapidement mon hôtel. J’ai à nouveau une chambre côté mer au 3e étage, sous les toits. Adorable. Je vide rapidement ma valise, me déshabille et me glisse sous la couette pour me sécher et me réchauffer. 

À 19h je mets des habits secs et je redescends : j’ai réservé une table. Je commande une soupe de courge (la première de la saison) aux noix de cajou et aux piments, avec un verre de Rioja. La salle est pleine, un peu bruyante. Je demande l’addition et je retourne dans ma chambre écouter la pluie qui martèle le toit sans discontinuer.

F R E D A G   2 2   O K T O B E R

J’ai dormi store levé pour guetter les premières lueurs de l’aube depuis mon lit. Le ciel commence à s’éclaircir, une lueur jaune apparaît derrière les arbres bientôt nus. Ça dure ça dure. Le jaune est de plus en plus chaud, le bleu de moins en moins sombre. Lorsque les premiers rayons apparaissent, il est presque 8h et je me lève enfin. 

Douche, petit déjeuner. Je traîne un peu à ma table, j’aimerais finir mon livre pour en emporter un nouveau. Je tourne la dernière page, je passe à ma chambre, je me prépare rapidement et je m’en vais, je ne sais pas encore où ni comment. 

Quelques pas à l’extérieur et je décide d’aller à Humlegården. Compliqué en bus. Ce sera donc à pieds, le casque sur les oreilles pour m’encourager. Arrivée à destination, je ne suis pas déçue. Les couleurs de l’automne recouvrent tout le parc, sous un ciel bleu azur. Je me balade à la recherche DU banc idéal. Je le trouve, en plein soleil, un peu isolé. Je m’assieds (le banc est chaud tant le soleil est intense) et je commence à lire. C’est divin. 

Malgré ma doudoune et mon écharpe, le vent qui souffle parfois par rafales finit par me glacer. Il faut que je marche pour me réchauffer. Nouvelle interrogation : où ? Je décide de prendre la direction d’Östermalm. J’aime marcher dans les rues, juste marcher et observer. La rue est mon musée préféré. J’aperçois Östermalms Saluhall, le marché couvert un peu chic, fermé plusieurs années pour rénovation. Je n’y suis pas retournée depuis qu’il a rouvert. J’entre, je "visite", je ressors puisque je n’ai pas faim. Je descends jusqu’à Nybroplan et j’attrape le tram 7 pour Djurgården.

Je ne peux séjourner à Stockholm sans passer par Rosendalsträdgård. J’y passe l’après-midi. Je commence par commander un bol de soupe de carottes, que je déguste à l’extérieur au soleil, puis je bouquine. Lorsque je commence à frissonner, je rentre, je me trouve une table dans la grande serre, je commande un café et je continue de lire au soleil. Activité suivante : la jardinerie. J’erre entre les fleurs. Une partie des serres est consacrée aux oignons : des milliers d’oignons, présentés dans de grandes caisses en bois, à planter en octobre au plus tard (décembre chez nous) pour avoir des tulipes jonquilles jacinthes muscaris au printemps. Tout est beau, rustique et soigné à la fois. Je ne me lasse pas de l’ambiance qui règne dans ces serres. Je finis par ressortir et retourner lire au soleil sur une des terrasses, puis je quitte ce petit coin de paradis.

Tram 7 jusqu’à Kungsträdgården. Je vais faire un tour chez NK avant de traverser le jardin. Il me reste 30 minutes pour attraper un bus pour mon île, au bout du jardin, sauf que je suis happée par une scène incroyable : des cours de danse (de couple) donnés en plein air au milieu du jardin. Je m’assieds sur un banc et j’observe, le sourire jusqu’aux oreilles. L’ambiance, la bonne humeur, la musique, les rires, tout est magique. J’aime tellement TELLEMENT observer les gens. Avec bienveillance, sans jugement. Le plus beau musée du monde, vraiment. Tant pis pour mon ticket valable 75 minutes, je rentrerai à pieds. 

Je reprends mon chemin, je longe le port d’été, je salue les bateaux de la Waxholmsbolaget que je voyais de mon balcon cet été, à Vaxholm, je reconnais leurs noms. Je passe le pont, je longe la rive de l’île jusqu’à l’hôtel. Le soleil est couché mais la lumière est encore dingue. Je suis HEU-REUSE. 

J’ai réservé une table au restaurant de l’hôtel. Contre toute attente, la salle est presque vide. Je commande une soupe d’écrevisse (une entrée) avec un verre de Sauvignon blanc, un gâteau pommes cannelle pour le dessert. Si je parle tant de ce que je mange, c’est que c’est un des plaisirs essentiels de mes voyages. Et depuis dimanche, c’est le feu d’artifice quotidien.

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Ce matin, la salle du restaurant est remplie de couples. Ça sent le week-end (en amoureux).

Je quitte l’hôtel avec un objectif précis : Gamla Enskede, un quartier résidentiel du Sud de Stockholm. Bus 65 jusqu’à T-Centralen, métro jusqu’à Sandsborg. Je commence par boire un café chez Robin Delselius puis je me promène dans le quartier, un peu au hasard. Les couleurs sont magnifiques, ciel bleu, feuilles jaunes ou oranges ou rouges, maisons vertes ou jaunes ou blanches (peu de rouge de Falun ici). Quel bonheur de MARCHER sous le soleil dans un bel environnement. J'arrive à la station de métro Enskede Gråd, j’embarque jusqu’à Medborgarplatsen et je rejoins SoFo. J’ai un objectif dans le viseur : la confiserie Pärlans spécialisée dans les caramels. Je m’offre leur calendrier de l’Avent, un sachet de caramels en vrac, et j’achète quelques cadeaux. Mission accomplie. Je me promène dans le quartier, des boutiques ont disposé des stands dans une rue piétonne, l’ambiance est bobo à souhait, c’est plein d’hommes barbus et de femmes au look improbable. 

J’ai besoin de "me repoudrer le nez", il y a bien des toilettes publiques à Nytorget mais franchement… je peux pas. Je trouve une table libre dans un café-restaurant, branché, forcément, bondé, forcément (c’est samedi). Je commande un bol de soupe d’artichauts aux scampis (une brochette de 3 scampis grillés déposée en travers du bol). C’est un RÉ-GAL. 

Il est 14h, l’heure de définir le programme de la fin de journée, voire de la soirée. Je repars à pieds vers le Sud de l’île de Södermalm afin de me promener dans Koloniträdgårdar : une centaine de petites maisons de bois entourées de jardins, parsemées sur un terrain en pente au bord de l’eau. On dit qu’il s’agit des résidences secondaires des Stockholmois qui n’ont pas la chance (et les moyens) d’avoir une maison d’été dans l’archipel. C’est ma première visite en automne, il ne manquait que cette saison à mon "palmarès photographique". Pourtant, je ne prends pas autant de clichés que lors des balades précédentes. Alors que je crapahute dans les chemins qui zigzaguent entre les maisonnettes, je tombe sur un banc en plein soleil qui me dit "viens, viens t’asseoir, la vue est dingue et le soleil chaleureux". Je cède. Je me pose, déballe un caramel, sors mon livre et savoure ce moment de pur bien-être. 

Le soleil disparaît derrière l’île d’en face. Je plie bagage et je remonte vers l’avenue. J’entre chez Åhlens. Les décorations de Noël sont déjà sorties, c’est dingue (j’en ai d’ailleurs vues dans certaines rues). Presque rien pour Halloween en revanche (ils sont vraiment bien, ces Suédois). Je reprends le métro jusqu’à T-Centralen puis le bus 65. Je passe à la réception et réserve une table.

Ce soir, c’est le grand jeu : une coupe de champagne (pour noyer mon chagrin), les incontournables boulettes purée concombres au vinaigre et baies rouges (les meilleures jamais mangées, ce restaurant est vraiment parfait) et une crème brûlée aux agrumes en dessert (totalement superflue, je n’ai clairement plus faim). Ce repas clôt en beauté ce séjour (de rêve). 

S Ö N D A G   2 4   O K T O B E R

Je me réveille vers 2h, la chambre est éclairée par la lune, le ciel est clair. Température : – 2°. Cinq heures plus tard, des nuages sont apparus, pas de lever de soleil depuis mon lit. Je traîne sous la couette jusqu’à 8h30 et ENFIN je daigne me doucher et m’habiller. Petit-déjeuner, valise, check-out.

Bus 65 pour T-Centralen. Je monte au dernier étage du Åhlens de Sergels Torg, presque entièrement consacré à une boutique Muji. Je ne traine pas, je me dirige vers le rayon qui m’intéresse : papeterie. En redescendant, je ferme les yeux lorsque l’escalator passe devant le rayon "maison". Un peu plus loin dans la rue, je m’arrête à la boulangerie Fabrique, et finalement direction le quai du Arlanda Express.

Le voyage se déroule sans encombre. Je pousse la porte de mon nid un peu après 20h.